A chaque fois qu'un Civilization sort, c'est un peu la révolution pour les amateurs de gestion/stratégie au tour par tour. Avec Beyond Earth, Firaxis a voulu sortir des sentiers battus en nous proposant sa vision du futur de l'humanité. D'ailleurs, c'est un peu ça le concept du jeu : quel sera notre avenir et qu'allons nous devenir ?
Passons rapidement sur le contexte et l'histoire, que l'on peut résumer ainsi : l'humanité est devenue trop imposante pour notre petite planète bleue et il est temps de partir à la conquête d'un nouveau monde. Certains élus s'envolent donc conquérir l'espace et devront faire des choix pour survivre, mais aussi pour forger leur Histoire.
Un titre plus accessible ?
Civilization V se voulait déjà plus accessible que ces ainés et Beyond Earth continue d'améliorer les choses avec une première nouveauté : les quêtes. Ces dernières servent à la fois de tutoriels pour les nouveaux joueurs, afin de les orienter dans leurs choix, mais elles sont aussi une manière de raconter l'histoire de votre civilisation. D'ailleurs, en fonction de votre style de jeu et selon trois affinités, les quêtes s'adapteront pour que vous puissiez les compléter et obtenir différents bonus au fil de la partie. Un élément particulièrement intéressant au début et au milieu de cette grande aventure, pour trouver sa voie. Bien entendu, l'interface générale du jeu a été revue et corrigée. Le résultat s'avère assez clair, ne surchargeant pas les cartes et permettant de bien comprendre ce qui se déroule sous nos yeux durant les premiers tours. Néanmoins, les choses se corsent quelque peu en fin de partie, puisque la lisibilité des cartes, en fonction de la topographie de la planète, laisse parfois à désirer. Avec l'habitude on s'y fait, mais lors des premières parties, on est un peu perdu, il faut bien le reconnaitre.
Affinités et valeurs sûres ?
Vous le savez, le principe de Civilization est de commencer avec une ville et un ouvrier afin de construire sa civilisation sur des siècles entiers. Et pour cela, il vous faut faire des choix. Êtes-vous plus adepte de la "Suprématie", en exploitant les technologies et en dictant votre vision des choses à la nature et à vos adversaires ? Ou alors préférez-vous vivre en "Harmonie" avec votre nouvelle planète d'accueill, en vous adaptant à la nature extra-terrestre pour ne faire plus qu'un avec elle ? A moins que vous ne choisissiez aucune de ces deux affinités et que votre but soit simplement la "Pureté", c'est à dire de faire de votre nouveau chez-vous une copie de la Terre. Sachez que de cette orientation (qui n'est pas gravée dans le marbre mais qui dépend de vos actions en jeu !) découlera votre civilisation, que ce soit dans la forme ou dans les unités obtenues (armée ou civils). A cela se combinent les valeurs (puissance, prospérité, industrie et savoir), des bonus générés par la culture que vous accumulez pour répondre aux besoins de votre empire. Car bien entendu, votre but sera de produire pour évoluer et aussi de maintenir le niveau de vie de votre population, pour qu'elle continue à bosser !
Insalubrité future ?
A vous donc de générer suffisamment d'énergie pour produire des ouvriers (sachez qu'ils ne sont plus disponibles de base, il faut avoir une technologie pour les créer désormais), des explorateurs (pour trouver des artefacts, des ruines, etc., apportant de la culture), et entretenir des soldats, des tanks, des vaisseaux, des croiseurs, des satellites et j'en passe. Mais pour cela il faudra placer au mieux ses villes (et ses colonisateurs pour en créer d'autres), exploiter intelligemment les terrains qui les entourent, découpés en cases et ayant chacun différentes natures (nourriture, énergie, production...). Finalement, votre but est de maintenir une synergie entre vos besoins et vos productions, tout en n'oubliant pas de proposer une qualité de vie correcte à vos peuples en faisant attention à leur niveau de Santé (construire des hôpitaux, entrer assez de nourriture, etc.). Le tout sans oublier bien sûr de vous protéger des agressions extérieures... Eh oui, c'est du boulot !
La toile des Technologies
Autre grosse nouveauté de Beyond Earth, la Toile des Technologies. Exit les limitations dues aux contextes historiques des anciens épisodes, ici on peut commencer à développer n'importe quelle technologie dès le début du jeu, mais il faudra passer par des étapes afin d'y parvenir. Vous voulez cloner vos hommes ? Pourquoi pas, mais il faudra avant cela s'y connaitre en génétique. Si vous êtes un adepte des hommes augmentés, il faut passer par la physique, la biomécanique, etc. Vous aurez compris le concept : on peut développer un peu ce que l'on veut, mais il y a des étapes à franchir. La chose va assez loin puisqu'on peut carrément terraformer (transformer) la planète et s'en servir comme arme, créer des races, se mélanger avec les extra-terrestres locaux et j'en passe. Chapeau à Firaxis pour ce système, plus souple et frais que dans Civilization V, d'autant que l'on ne peut pas tout développer, ce qui implique des choix. Ainsi, tous les joueurs ne seront pas dotés des mêmes technologies et ça, ça fait du bien !
Un bon alien est un alien mort ?
J'en parlais il y a quelques lignes, les Extraterrestres (la faune locale) sont de la partie et agissent un peu à la manière d'une faction à part entière. Si en solo vous luttez contre d'autres colons humains (aux valeurs souvent opposées aux vôtres) dirigés par des I.A, sachez que les E.T. (nous les nommerons comme cela désormais) ont aussi leur propre conscience collective. Loin des barbares de Civ V, ils agissent de concert et si vous les avec attaqué, ils ne l'oublieront pas. A contrario, si vous vivez en harmonie avec eux, des choses intéressantes peuvent se produire en matière de génétique ou, mieux encore, vous pourrez vous faire aider par ces aliens dans vos luttes de pouvoir avec une autre faction ! L'idée est géniale et donne une dimension tactique supplémentaire, ainsi qu'un rôle, un véritable positionnement, face aux extra-terrestres et à leur avenir. Alors attention à vos choix, ils ont toujours des conséquences, que ce soit en début, au milieu, ou à la fin d'une partie !
Diplomatie futuriste
Toujours un peu austère, la diplomatie, l'espionnage, etc. ont bénéficié d'un petit aménagement ici, mais rien qui ne change réellement la donne dans la forme (au pire les autres dirigeants changent de look en fonction de leur affinité). Non, ce qui est intéressant c'est la possibilité de, par exemple, attirer les E.T. pour qu'ils attaquent les cités adverses (espionnage), ou encore le fait de pouvoir obtenir des faveurs des autres dirigeants (droit de passage, échanges commerciaux, etc.) pour leur forcer la main en fin de partie lorsque vous aurez besoin d'alliés puissants. Là encore, l'idée fait mouche, même s'il faut être patient avant d'atteindre votre but tant une partie peut parfois parfois être lente (tout dépend de vous en fait), il faut bien l'admettre.
Rythmique et compréhension
Dans Beyond Earth, les débuts de partie sont finalement assez rapides, mais si on ne comprend pas rapidement la synergie nécessaire pour réaliser ses projets (production, bâtiments, choix technologiques, récolte, santé, expansion, défense, etc.), on peut pédaler dans la semoule très vite, car votre évolution est alors ralentie. Et malgré les quêtes, le conseiller et les nombreux tutoriels disponibles (il serait peut-être temps de passer aux vidéos d'ailleurs, nous sommes en 2014 et les textes par dizaines, ça lasse...), on a encore du mal à tout comprendre de suite, tant il y a de paramètres à gérer, et ce même si cela reste toujours plus simple que la plupart des précédents volets de la saga. Terminons enfin en soulignant la pénible longueur des fins de parties, même en solo et en accélérant le rythme du jeu. Au bout d'un moment, et même avec plus de 30 heures de jeu au compteur, il y a énormément de choses à gérer pour en finir (tout dépendant du type de victoire visée : recontacter la Terre ou des E.T. super évolués, dominer vos concurrents, etc.). Précisons aussi que l'obtention de certaines technologies est un peu longue si on s'y prend mal. A vous donc d'avoir un bon sens de la gestion et une bonne logique afin que votre société soit prospère et évolue rapidement, que vous choisissiez la "Pureté", "l'Harmonie" ou la "Suprématie".
Beyond Earth est-il un véritable renouveau dans la série ? Pas vraiment puisque malgré les nouveautés et les changements, les bases sont là et on (re)connait la recette ! Il s'agit donc plus d'une évolution qui nous propulse dans un futur palpable et crédible. Avec son design vraiment chouette, son contexte plus travaillé, puisque purement imaginé et non basé sur l'Histoire, ses affinités, ses valeurs, sa toile des technologies plus souple et ses extra-terrestres, ainsi que toute la batterie de paramètres pour assurer une durée de vie confortable, en solo comme en multi, Beyond Earth est une réussite. Et ce même si je dois admettre que la longueur des fins de parties, ou encore les textes à rallonge pour comprendre l'ensemble des interactions entre les différents éléments économiques, géographiques, politiques, etc., m'ont un peu agacés. D'autant que malgré une accessibilité certaine pour jouer vite, la profondeur du jeu est réelle et demande énormément de temps pour maitriser tous les paramètres, ou même comprendre tout ce qu'il est possible de faire pour assurer le futur de l'humanité.